Traversée à vélo: France – Monténégro

T’es seul avec ton vélo et tes 30Kg de bagages, t’as un mois, t’es autonome, et tu pars vers l’est. Voilà quelques extraits de mon carnet de voyage, de la France au Monténégro sur un coup de tête.

Vendredi 19/08 2016 – 3° jour

Quel plaisir de pédaler proche des montagnes! Les petits villages animés défilent, un petit longo à Ghislarengo et c’est parti pour une grimpette vers Barengo puis Lonate. L’effort se fait sentir, on n’est plus dans la plaine du Pô, mais avec le moral la douleur n’est que secondaire. Je m’arrête prendre quelques photos à Monza au centre, très jolie ville italienne. Je repars pour finir la journée, je rencontre un cycliste qui parle anglais et m’indique un bel endroit pour bivouaquer: Brivio sur la rivière Ada. Magnifique spot!

130km, 850m d+ ce jour

Centre de Monza

Samedi 20/08 – 4° jour

Les kilomètres défilent et j’apprécie de plus en plus ce voyage. Mélange de petites routes de campagne, de villages de montagne et de belles villes historiques. Après 3 jours de bivouac, je décide de prendre un camping. Plage sur le lac de Garde, magnifique surtout lorsque je suis arrivé par les hauteurs de celui-ci.

112 km ce jour

Levé de soleil sur le lac de Garde

Lundi 22/08 – 6 et 7° jour

Je traverse Vicenze et prend spontanément la décision de continuer alors que la nuit tombe. La première partie de la soirée est magnifique, soleil couchant dans le dos, lumière dorée et musqiue dans les oreils… Je passe quelques moments magiques, tellement forts et à la fois si simples, que j’en chiale sur mon vélo, ne sachant pas trop comment exprimer ce moment de pur bonheur. Comme une extra sensibilité sur-développée, je profite de chaque coup de pédale, de chaque soufle à un point inimaginable. Une simple gorgée d’eau me rend heureux. Edlinger et son verre d’eau…

220km avec la nuit

Sur la route au couché du soleil

Dimanche 28/08 – 12° jour

Je me réveille dans ma ruine, ambiance très sympa même s’il y a une forte humidité. Je fais quelques photos, dont une de cette immense cheminée au milieu d’un beau paysage… l’intégration de l’homme dans la nature.

90km, 950m d+ ce jour

Bivouac dans des ruines du XI
L’intégration de l’homme dans la nature…

Mardi 30/08 – 14° jour

Déjà de bon matin, la route principale ne t’enjaille pas, mais tu pédales tu pédales. Puis tu optes pour ce petit bout de bitume qui s’en va vers les montagnes, tu sais que tu vas en chier, mais tu pédales tu pédales. Après quelques bornes, tu fais un bon de 20 ans en arrière, ici les paysans travaillent les champs à la main, et tu pédales tu pédales. Le ciel s’assombrit, orageux, le vent soufle. Tu croises des vestiges de la guerre, ambiance noire: champs de mines, habitations criblées de balles, épaves d’avions de chasse, et même les coups de fusil, des chasseurs, non loins. Et comme fasciné par ce lourd passé, le ciel se dégage, et tu te rends compte que tu viens de grimper ces montagnes sans même sentir une douleur. Alors sur les hauteurs, tu pédales tu pédales…

80km, 1400m d+ ce jour

Départ d’Otòcac tôt le matin
La plaine d’Ubdina

Jeudi 01/09 – 16° jour

J’en profite pour passer en ville racheter du gaz et de quoi réparer la tente. Très peu de temps après, je rencontre Frédéric, un suisse qui part pour rejoindre Split ce jour. On s’arrête boire une bière et décide de le suivre, pour prendre du repos sur Split. Je repense aux villages fantômes, séquelles de la guerre passée, la veille. La fracture est énorme, il n’est plus question de différence entre côte tourristique et terres sauvages, ici j’ai l’impression de changer de pays alors qu’il n’y a que quelques dizaines de km qui séparent ces deux mondes. Nous croisons sur la route de Split une fille très chouette, Jade, partie 10 jours seule avec un petit van. On discute un moment puis nous reprenons la route chacun de notre côté. Arrivée un peu tard, on passe la nuit avec Valérie une mexico-française et ses deux amies, et Frédéric bien sûr, à boire de l’alcool de pruneau dans la vieille ville. Le coin est extra-ordinaire, petites ruelles au milieu des remparts, ville très médiévale bien entretenue et restaurée. Puis, alors qu’ils partent tous les trois pour l’aeroport, on finit la nuit à discuter avec deux italiennes parties à la journée pour visiter le coin, attendant également un avion à 5h. L’une d’entre elles parle un peu français et anglais, son accent et son unique boucle d’oreille (elle n’aime pas les symétries…) lui donne un charme incontestable.

94km ce jour

Tour du vieux Split

Mardi 06/09 – 21° jour

Mostar a pas mal changé depuis 10 ans, le vieux centre est resté comme dans mes souvenirs mais on sent que le tourrisme est passé du style “aventurier” au style ordinaire. Malgré ça je prend toujours du “plaisir” à passer dans les vieilles boutiques, et regarder avec dégoût / fascination le matériel, armes et munitions de la dernière guerre. J’en profite également pour prendre quelques photos, mettant en avant quelques contradictions séquelles de guerre / tourrisme de consommation.

80km, 1600m d+ ce jour

Pont de Mostar
Rues de Mostar
Vestiges de la guerre

Mercredi 07/09 – 22° jour

Les voyages c’est surtout des rencontres bien sûr, mais étrangement, c’est tout d’abord une rencontre avec toi même. Tu te découvres d’autres façons de réagir, de penser, de refléchir. Puis, bien qu’attendues, des recontres toujours aussi surprenantes, intriguantes voir fascinantes avec d’autres cultures, d’autres personnes. Et enfin le meilleur, des confrontations avec de nouvelles réflexions. Cela demande un peu de temps et d’efforts, et tu pars souvent sur de mauvaises pistes, mais tu en tires toujours quelque chose. Plus de 1600 km de parcourus, 17000 m de dénivellé positif, et ce n’est rien comparé à ce que m’apporte ce voyage!

130km ce jour

Vestiges de la guerre
En vélo vers le parc national de Bosnie

Samedi 10/09 – 25° jour

Réveil tranquille au bord de mer, petit café peinard, quel plaisir! Je fais la connaissance de deux français, un mec et une nana qui se sont rencontrées à l’aéroport. Ils voyagent à pieds / sac à dos, sont intéressants et très chouettes! On rigole bien, mais il est temps de faire quelque chose de cette journée de repos. Après avoir repéré un sentier de rando sur la carte, je pars en mode ultra-light pour un petit sommet à 1330m d’altitude, légèrement reculé vers les terres. Petite surprise, il n’y a pas de tracé jusqu’au sommet, je dois finir les 350m d+ à travers ronces, chardons, lézards et serpents (3 au total…). Deuxième surprise, l’accès au sommet se termine par deux belles dalles en escalade, du 3+ à vue d’oeil. L’arrivée sur le mont Mrajanik est à couper le souffle! Vue totale sur les fjords et la baie de Kotor, tout le reste du Monténégro remplie de montagnes à perte de vue!

7h30 de marche, 1400m d+ ce jour

Arrivée au Monténégro
La baie de Kotor

Lundi 12/09 – 27° jour

Je rejoins Fred au bar et on se trouve un petit camping super sympa. Un allemand venu vivre au Monténégro pour profiter de la vie. On y rencontre deux belges, Rodrigue et Audrey, très chouettes. Une bouteille de vin, très bon au passage, et la soirée s’éternise un peu, agréablement. Dernière soirée au Monténégro, et elle fût parfaite.

80km, 1400m d+ ce jour

Une nuit étoilée

 

Le tracé GPS quasi-complet